J'aime beaucoup tes deux premiers paragraphes qui résument toute la beauté et la complexité de leur relation !
Et comme toi, je trouve Joseph clairement antipathique depuis quelques temps. Je ne comprends pas à quoi il joue.
Dans une dictature où la stérilité a frappé les femmes, ces dernières sont divisées en trois catégories : les Épouses, qui dominent la maison, les Marthas, qui l'entretiennent, et les Servantes, dont le rôle est la reproduction.
En cours | Américaine, CA, US | 50 minutes |
Drame, Science-Fiction, Drama, Science-Fiction & Fantastique | Hulu | 2017 |
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Au cours de leur mission, June et Luke se retrouvent en très mauvaise posture et craignent d'être séparés. Tandis que Serena se sent menacée par ses bienfaiteurs, Nick et Lawrence prennent une initiative étonnante.
Diffusion originale : 12 octobre 2022
Diffusion française :
12 octobre 2022
Réalisat.eur.rice.s :
Scénariste.s :
Guest.s :
McKenna Grace
,
Genevieve Angelson
,
Rossif Sutherland
Avis favorable | Déposé le 14 octobre 2022 à 04:15 |
La série ne fait jamais vraiment ce qu'elle dit qu'elle fera, et c'est un peu pour ça que je l'aime. D'ailleurs, le titre Together fait-il référence à June et Luke, ou June et Serena ? Dans cet épisode aux allures de Western, la relation June/Serena continue d'être explorée, tournée et retournée pour dire et dire encore la même chose : elles se détestent, elles sont différentes - elles sont des femmes, elles sont pareilles. On voit à quel point Gilead les restreint à n'être qu'une seule et même entité (la fameuse Femme) alors qu'en tant que spectateur-spectatrice, on voit bien qu'elles sont deux personnes à part entière (métaphore encore sympathique de notre société actuelle). Elles n'ont pas le choix, depuis l'épisode 1. Elles ne peuvent être libres individuellement que si elles se libèrent l'une l'autre (c'est beau). Il y a eu beaucoup de hauts et de bas, mais je me souviens avoir adoré le début de la saison 3, quand je pensais qu'elles allaient vraiment s'allier. C'est là que leur relation s'est complexifiée et y revenir est beaucoup plus intéressant que le face à face promis au début de la saison (même si c'était franchement bon aussi). La fin est, cela dit, presque parodique, peut-être parce qu'il semble évident que June ne va pas mourir (d'autant plus à la moitié d'une saison qui n'est même pas la dernière) et donc il n'y a aucun suspense de ce côté là... La question était de savoir comment elle allait s'en sortir, et vu la situation de Serena (hello les plans identiques à la première saison où June était assise sur son lit) qui est prisonnière de sa nouvelle demeure, il semble assez évident qu'elle veuille s'en échapper (et comme June s'échappe toujours, c'était pratique de l'avoir sous le coude). Parce que dans ces moments-là, c'est leur condition de femme qui ressort et qui les fait s'associer : c'est leur moyen de survie. Ou June devient le moyen de survie de Serena (même si, dans ce cas précis, c'est assez réciproque puisque June aurait pu mourir). Sinon, Lawrence est tellement cynique qu'il en devient imbuvable et je ne sais pas si son double-jeu (plus ou moins engagé d'ailleurs) ne commence pas à m'agacer un peu. Le nouveau duo de choc qu'il forme avec Nick peut en revanche devenir intéressant, surtout s'il inclut Lydia - probablement le seul personnage moral de la série. Même s'ils exécutent Putnam par pure jeu politique, il n'en résulte que du côté des Servantes et de Lydia, la notion de justice a été servie, et ça peut même les encourager à en chercher davantage. En ce sens, les jeux de pouvoirs sont très bien montrés, surtout dans les possibilités de changement en son sein. Et pour finir, les cris d'Esther continuent de résonner à mes oreilles. Et pour vraiment finir, Luke était assez pénible (ouin ouin, ma femme s'est sortie vivante de multiples situations impossibles mais je crois que je vais m'en aller en courant et la sauver on-ne-sait-comment parce que c'est moi le mec et que j'ai un complexe d'infériorité), mais je m'inquiète quand même de son sort. Bref. Un épisode tout twisty comme je les aime avec une écriture intelligente. |
Excellent épisode à mes yeux.
Voir Serena devenir petit à petit une handmaid est fort jouissif et tragique à la fois. La réalisation est exemplaire pour retranscrire une ambiance simili-Gilead, où les silences, les non-dits et les plans évoquent ce que Serena et Fred faisaient subir à June.
La séquence de l’auscultation par le gynécologue qui finit par la draguer est très gênante.
Tout comme le dialogue avec Mrs. Wheeler qui lui rappelle que célibataire ou veuve, qu’importe, l’important c’est bien le schéma familial nucléaire mère + père imposé comme seul modèle valable pour éduquer un enfant. Ce qui laisse Serena circonspecte. Il fallait y penser avant, ma belle.
Elle use alors face à Mr. Wheeler la stratégie de June face à Fred à l’époque, pour obtenir ce qu’elle veut. Finalement, Serena a bien appris de June et sans doute été plus touchée par sa cause qu’elle ne le laisse transparaître. Elle qui pourtant, fait la remarque que June a eu “bien trop de sympathisants” à Gilead… Oui, peut-être pas qu’à Gilead, finalement.
Du côté de Lydia, c’est vraiment la rédemption que je n’attendais plus. C’est particulièrement bien écrit car lorsqu’elle confronte Esther, elle est à la fois ultra bienveillante, souhaitant obtenir toute la vérité et mettant en confiance la jeune servante… mais tourne tout de même la question d’une façon absolument abjecte (au lieu d’un simple “le commandant Putnam t’a-t-il violée”, elle balance un “as-tu fait quoi que ce soit qui aurait pu lui faire penser que tu étais intéressée”).
Bref, une bonne culture du viol banalisée bien répugnante.
Et pourtant, sa réaction reste celle de l’effroi et de la compassion pour Esther, qu’elle croit. Elle porte tout de suite l’affaire à Joseph et emploie des termes jamais vus à Gilead (”il l’a violée”). Certes, c’est toujours dans un fanatisme religieux dangereux (seule la “Cérémonie” est sacrée et autorise, essentiellement, le viol) mais Lydia reste la définition parfaite de l’échec de vouloir changer un système fondamentalement mauvais de l’intérieur. On sait qu’elle reste dans le déni de l’essentiel de la réalité, ne s’attaquera jamais au problème de fond. Que ça ne peut être que vouer à l’échec. Mais pourtant quelle joie de la voir tout de même prendre les choses en main et, comme elle l’avait annoncé, changer les choses à sa manière ! Aussi peu radicale et insuffisante soit-elle.
Mine de rien, elle a peut-être bien elle aussi été “”contaminée”” ou “pervertie” par June, à sa manière. Ses paroles auprès de Joseph, couplé à un autre échange entre les commandants Lawrence, Putnam et Blaine, très “Gilead-ien” dans les dialogues pour mon plus grand plaisir, ont fini d’enfoncer le clou du cercueil de Putnam. La scène de son arrestation a quelque chose de jouissive, même si ensuite son exécution aussi brutale et abusive nous rappelle qu’on reste bel et bien dans une dictature et que les acteurs du changement doivent tout de même s’y complaire sur certains points.
L’épilogue de cette scène avec Nick qui rentre chez lui perturbé auprès de sa femme permet d’ailleurs de bien insister sur ce point. J’aime beaucoup le développement qui est donné à Nick cette saison, et ses scènes avec sa femme restent suffisamment subtiles et à double-sens pour qu’on soit toujours dans le flou sur leur alignement.
Même chose lorsque Lydia montre à ses filles le corps pendu du Commandant, à la grande joie de Janine… qu’elle partage à voix haute. Sans sanction de Lydia. Le changement d’une relation hyper toxique et destructrice, vers une relation toujours toxique mais moins destructrice, franchement, on prend !
Et que dire de cette scène finale. Franchement, on peut voir venir la fin. Et quelque part, je m’y attendais. Mais après avoir été tellement déçu par Serena et avoir abandonné tout espoir en elle (comme je l’ai mentionné justement de plus en plus dernièrement), je ne croyais plus à son réveil final.
On peut voir ce twist comme une autre manifestation de la “plot armor” invincible de June. Mais Serena est suffisamment complexe et leur passif suffisamment riche pour que cette conclusion ait du sens. Le virage est certes un peu à 180° par rapport à ce que Serena semblait déclarer dans le bureau de Mr. Wheeler (qui contenait inévitablement une part de vérité : elle détestera toujours June pour ce qu’elle a fait à Fred). Mais je trouve le speech de June suffisamment beau et l’ensemble de la scène beaucoup trop bien réalisée (avec une musique incroyable) pour ne pas me toucher. Ces deux femmes sont vraiment enfermées dans un carcan infernal qui ne peut aboutir que par leur libération commune, ou leurs morts. C’est bien elle qui semblent “ensemble pour la vie”.
J’imagine que tout dépend d’à quel point on est sensible et réceptif à des redemption arcs de Lydia et surtout de Serena. Comme j’ai vraiment un faible pour ce genre d’histoires, je suis plus que comblé ici.
Malgré le rythme d’ailleurs très lourdaud de tout le reste de l’épisode quand June et Luke sont enfermés dans des cages pendant 20 minutes (même si leurs dialogues n’étaient pas mauvais et que j’aime bien le fait que Luke se sente aussi impuissant et coupable tout en restant bienveillant, ça m’a quand même un peu ennuyé). Sans ça, j’aurais pu mettre encore plus à l’épisode.
Ça fait quand même plaisir de voir The Handmaid’s Tale reprendre du poil de la bête — il n’en fallait pas plus que le duo Serena/June qui revient sur le devant de la scène, finalement. Est-ce que le “conte de la servante” ne serait pas celui de Serena également ?